Qu'est-ce que la déforestation importée ?

Qu'est-ce que la déforestation importée ?

Les origines du problème

Des enjeux environnementaux, mais aussi économiques et sociaux

Tout d’abord, commençons par définir ce qu’est la déforestation: c’est un phénomène durable de régression des surfaces recouvertes par la forêt, qui peut être d’origine anthropique ou naturelle. La déforestation importée, elle, est toujours provoquée par l’homme: un acteur, État ou entreprise, peut se rendre responsable de déforestation importée s’il importe des matières premières ou des produits transformés dont la production à directement ou indirectement contribué à la déforestation ou à la conversion d’écosystèmes naturels. Ce phénomène est majoritairement dû à une gouvernance publique et foncière faible dans des pays où on compte sur la production agricole et l’élevage pour créer des emplois et du développement économique; ainsi des forêts sont déboisées pour permettre l’expansion des terres agricoles et les pâturages. Paradoxalement, l’expansion des terres agricoles met en péril la subsistance alimentaire des populations locales; ces terres servant à l’exportation, les populations locales n’en bénéficient pas, et perdent au passage les forêts dont elles dépendaient pour s’alimenter. L’ONU estime que la déforestation menace la sécurité alimentaire de 1,6 milliards de personnes dans le monde, dont 60 millions d’autochtones. Au-delà des enjeux environnementaux et économiques, la déforestation importée est un défi social majeur affectant des populations déjà très pauvres et vulnérables. L'appât du gain associé à l’exportation augmente également les risques sociaux liés à la corruption, au travail des enfants, ou au nom respect des droits des travailleurs. 

Des causes bien identifiées…

On reconnaît aujourd’hui que la déforestation importée est principalement provoquée par l’exploitation de six ressources: le soja, l’huile de palme, le cacao, le caoutchouc, le bois et ses produits dérivés, et le bœuf. Ce phénomène touche principalement les forêts tropicales d’Amazonie, du Congo, et de l’Asie du Sud-Est. Ainsi, dans ces trois régions, des forêts sont abattues et remplacées par des terres agricoles ou de pâturages permettant la production de l’une des six ressources citées ci-dessus. 

… mais une responsabilité partagée

Néanmoins, la responsabilité de ce phénomène n’incombe pas uniquement aux producteurs, mais aussi à leurs clients. Ainsi, on estime que l’Union européenne est le deuxième importateur de déforestation, responsable de la destruction de 3.5 millions d’hectares rien qu’en 2017, soit 16% de la déforestation mondiale liée au commerce. La Chine arrive première au classement avec 24% et l’Inde troisième avec 9%.

Et la France dans tout ça

L’impact de la France dans la déforestation importée

La France étant le sixième plus gros contributeur européen à la déforestation importée, son rôle est donc loin d’être négligeable. Le WWF estime à 14,8 millions d’hectares l’empreinte de la France liée aux importations des matières premières agricoles et forestières problématiques entre 2012 et 2016. C’est pourquoi l’État a depuis quelques années décidé de s’attaquer à ce problème, faisant même de la déforestation importée une priorité durant sa présidence de l’Union européenne. Nous allons donc parcourir les différentes stratégies mises en place en France, aussi bien au niveau de l’État que de la société civile, pour parvenir à endiguer cette pratique.

Les solutions avancées par l’État pour endiguer ce phénomène

Le pilier de la stratégie étatique française a été la création en 2018 de la Stratégie Nationale contre la Déforestation Importée (SNDI), ayant pour objectif de mettre fin d’ici 2030 à la déforestation importée en France, et de contribuer par la même occasion à la mise en place des Objectifs de développement durable de l’ONU pour 2030. La SNDI s’articule autour de cinq grands axes:

  • Le partage des connaissances :  

L’objectif est de parvenir à la conception d’outils permettant de mesurer la pression exercée par l’homme sur les écosystèmes forestiers et de déterminer précisément l’empreinte que laisse la France sur la forêt.

  • La coopération internationale :  

Afin d’augmenter l’impact de ses mesures, la France compte sur la coopération internationale, et notamment européenne. Il y a déjà eu des avancées en la matière: la création du RBUE (Règlement sur le Bois de l’Union EUropéenne) en 2013, obligeant les pays européens à tracer la provenance du bois qu’ils achètent pour éviter la vente de bois issu de coupes illégales, et celle du FLEGT (Forest Law Enforcement Governance and Trade) en 2016, contraignant l’importation de bois d’Indonésie.  

  • Le renforcement des politiques publiques :  

L’objectif est de favoriser la demande pour les produits durables. La France vise la mise en place d’une politique d’achat zéro déforestation, le renforcement des contrôles pour lutter contre les fraudes, et la promotion de la lutte contre la déforestation dans les négociations internationales. 

  • Inciter tous les acteurs à s’engager :

Notamment les entreprises en les poussant à intégrer la déforestation importée dans leurs stratégies RSE et leurs stratégies d’investissement. La SNDI souhaite également créer un label "zéro déforestation” et un devoir de vigilance pour intégrer pleinement les entreprises dans ce combat.

  • La transparence :

L'objectif est de permettre un suivi des performances de la SNDI et garantir l’atteinte de ses objectifs.

Sur le papier cette stratégie semble ambitieuse mais nécessaire, mais dans la pratique des voix se sont élevées pour dénoncer le manque de mesures concrètes prises par le gouvernement. L’ONG Greenpeace dénonce notamment le manque d’objectif chiffrés et d’échéances intermédiaires permettant le suivi de la performance de la SNDI, la nécessité d’une traçabilité jusqu’à la source des produits importés, et la nécessité de réduire les volumes de production et de consommation des produits ciblés par la SNDI.

Une lutte qui concerne tous les acteurs de la société

La société civile a également un rôle important à jouer dans la lutte contre la déforestation importée, au travers des associations et des ONGs. En effet, l’État s’est associé avec l’association Canopée et l’initiative Trase pour créer un outil pour la SNDI permettant de calculer les risques de déforestation associé à l’importation de soja en France. De leur côté, les ONG internationales, telles que FSC ou PEFC, garantissent le respect de critères de durabilité dans la gestion des forêts utilisées pour la confection des produits qu’elles certifient. Ces labels servent de leviers d’actions pour les consommateurs dans la lutte contre la déforestation importée: ils permettent d’apporter de la transparence dans le processus de création opaque des produits à base de bois. En achetant des produits labélisés, les consommateurs font le choix de soutenir des entreprises faisant des efforts dans la gestion de leurs forêts, ou dans le choix de leurs partenaires commerciaux, et donc d’encourager ce genre de pratiques.  

Quant à Kloros, pas de déforestation importée ni de déforestation tout court (la déforestation est de toute façon interdite en France), seulement des forêts gérées durablement et respectueusement avec un sylviculture durable et proche de la nature. Nos forêts sont certifiées ou en cours de certification FSC et PEFC et nos projets de séquestration carbone sont labellisés Label Bas Carbone. Les entreprises avec qui nous travaillons ont donc l’assurance que le bois issu des forêts Kloros n’a contribué à aucune forme de déforestation.

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