Comment les forêts captent le carbone ?
Le dioxyde de carbone (CO2) est un gaz à effet de serre, il participe au réchauffement climatique tant qu’il est dans l’atmosphère. Les écosystèmes contribuent à l’atténuation de ce changement de différentes manières, et notamment par la séquestration carbone. La forêt est l’un des principaux puits de carbone terrestres. En France, elle piège chaque année autour de 15% des émissions de carbone nationales. Elle joue donc un rôle central dans la marche vers la neutralité carbone.
Comment la forêt séquestre-t-elle le carbone ?
- La photosynthèse permet de stocker du carbone dans le bois, les racines et le sol
La forêt absorbe chaque année de grandes quantités de carbone. Lors de la photosynthèse, les arbres absorbent du CO2 pour se développer, à partir de l’eau que les racines puisent dans le sol et de dioxyde de carbone capté dans l’air par les feuilles. Cette réaction chimique produit de l’oxygène qui est ensuite rejeté dans l’air. Ainsi, grâce à la photosynthèse, les forêts transforment le CO2 nécessaire à leur croissance en matière organique (le bois) et en O2. Ce carbone est donc absorbé puis stocké dans cette végétation, mais aussi en grande partie dans les sols forestiers, dans le bois mort, et dans la litière. En effet, une étude de 2011 a estimé que seulement 41% du stock de carbone en forêt est emprisonné dans la biomasse vivante. Cela signifie que plus de la moitié du carbone piégé par les forêts est stocké dans les sols et la litière.
- Quelques chiffres
Dans le monde, les forêts stockent environ 860 gigatonnes de carbone, soit 20 fois plus que le total des émissions mondiales en 2019. Il ne faut cependant pas confondre ce stock, constitué au fil de l’évolution des forêts, avec la captation annuelle qui elle est d’environ 16 milliards de tonnes d’après les résultats publiés dans la revue Nature. Les forêts tropicales sont naturellement au cœur de ce phénomène de séquestration puisqu’elles contiennent 55% du stock de carbone forestier mondial. Une étude suisse a calculé qu’il faudrait planter 1200 milliards d’arbres pour absorber les deux tiers du CO2 produit par l’homme depuis l’ère industrielle.
Toutes les forêts stockent-elles le carbone de la même façon?
- Tous les arbres ne séquestrent pas le carbone de la même façon
Tous les arbres ne séquestrent et ne stockent pas le carbone de la même façon, on estime ainsi qu’un arbre capte entre 10 et 40kg de carbone par an en moyenne. La capacité d’un arbre à séquestrer et stocker du carbone va dépendre principalement de la vitesse à laquelle il croît, et de la proportion de matière sèche (et donc de carbone) dans son bois. Une autre manière de le dire est qu’un arbre plus dense stockera plus de carbone dans son bois mais poussera peut-être plus lentement.
Ainsi, il est tout à fait possible qu’un arbre comme le peuplier poussant beaucoup mais contenant peu de matière sèche séquestre finalement moins de carbone qu’un arbre poussant moins, comme l’olivier, mais avec une masse de matière sèche élevée. La mesure et la modélisation de la quantité de carbone stocké lors de la croissance des arbres est précisément au coeur des travaux que Kloros va mettre en place lors du développement d’un projet forestier de séquestration carbone
- Le cycle de vie influe sur la séquestration de carbone de l’arbre
Il existe encore un débat entre les scientifiques quant à savoir si ce sont les jeunes arbres qui absorbent plus de carbone en poussant, ou si au contraire ce sont les individus plus âgés, du fait de leur masse plus importante. La première de ces options a longtemps été admise, mais une étude datant de 2014 prétendant le contraire est venue la remettre idée en question. Si cette question, au coeur du débat sur les forêts primaires, n’est pas définitivement tranchée, on en comprend néanmoins que l’âge des arbres et son cycle de croissance semble avoir un impact, dans un sens ou dans l’autre, sur sa capacité à séquestrer du carbone
Quel impact la gestion de la forêt a-t-elle sur la séquestration carbone ?
- Une forêt gérée peut absorber plus de carbone qu’une forêt qui ne l’est pas…
L’action de l’homme peut avoir un impact important, aussi bien positif que négatif sur la forêt et sur sa capacité à séquestrer le carbone. On parle de forêt primaire lorsqu’il n’y a jamais eu d’intervention humaine dans cette forêt, et de forêt gérée lorsque l’homme y est intervenu, par exemple en coupant des arbres, en en plantant d’autres, ou encore en favorisant la régénération de certaines essences. En règle générale, la plantation de nouveaux arbres permet de créer de nouvelles forêts (et donc de nouveaux puits de carbone) ou de restaurer des forêts dégradées par des aléas naturels tels que des tempêtes, des incendies, ou encore des maladies. Dans des forêts existantes certaines pratiques de gestion permettent d’optimiser leur séquestration carbone. En effet, le forestier peut favoriser la pousse d’arbres avec une masse volumique importante, ou encore d’essences séquestrant le carbone rapidement et en grande quantité.
- …À condition de respecter certaines méthodes
Donc gérer une forêt peut permettre d’optimiser la captation carbone de celle-ci, à condition de respecter certains principes. Il est important de comprendre que couper du bois n’est pas forcément une mauvaise chose pour l’environnement, bien au contraire. Dans certains cas de figure, faire des éclaircies en forêt permet d’optimiser la séquestration carbone de ces forêts. En effet, cela permet de stocker le CO2 contenu dans ce bois en dehors de la forêt, par exemple dans des poutres destinées à la construction d’un bâtiment. On évite alors que ce bois ne meurt en forêt, où il relâcherait dans l’atmosphère la majorité de son carbone en se décomposant. Cela favorise également la pousse de nouveaux arbres, plus gros et plus résilients, qui absorbent le carbone à leur tour. Ainsi, une forêt gérée selon une méthode de sylviculture douce, proche de la nature, et qui respecte les cycles naturels de la forêt peut s’avérer plus écologique qu’une forêt laissée à l’abandon. Ces méthodes, telles que celles préconisées par Pro Silva et mises en place par Kloros, comprennent la Sylviculture Irrégulière à Couvert Continu (SICC), ou encore la futaie irrégulière. Elles laissent les forêts se régénérer naturellement, en plantant le moins d’arbres possible. À l’inverse, certaines pratiques peuvent avoir un impact négatif sur la séquestration du carbone en forêt à l’image des coupes rases qui libèrent du carbone du sol en plus de détériorer les paysages forestiers. L’exemple le plus marquant est celui de l’Amazonie, ou les coupes rases ne sont pas compensées par la plantation de nouveaux arbres, ce qui engendre un phénomène de déforestation qui relache 1,1 milliards de tonnes de CO2 chaque année , au point d’éliminer le potentiel de séquestration carbone des forêts.
La forêt au coeur de la lutte contre les changements climatiques
Augmenter les puits de carbone et produire de la biomasse sont deux des trois grands axes identifiés par le GIEC pour réduire les émissions de CO2. En France, ces axes sont portés par des projets forestiers écologiques comme ceux menés par Kloros. Ils visent à optimiser la captation carbone des forêts dans une démarche proche de la nature, et ainsi à contribuer à l’effort mondial pour tendre vers la neutralité carbone.