Pourquoi couper du bois peut être une pratique écologique ?

Pourquoi couper du bois peut être une pratique écologique ?

Alors que l’on encourage à planter des arbres et à restaurer des forêts, certains s’étonnent que l’on en vienne à couper des arbres. Ainsi, l’exploitation des forêts françaises est parfois décriée au nom de l’écologie. Pourtant, sous certaines conditions, couper du bois peut être une pratique écologique. Si l’exploitation d’une forêt ne prenant pas en compte ses besoins ou son rythme naturel de régénération peut mener à un affaiblissement de celle-ci, voire à de la déforestation, des coupes raisonnées peuvent avoir l’effet inverse. En France, les coupes de bois sont très encadrées, à tel point que la surface forestière française ne cesse de s’étendre.

Couper du bois aide à maintenir la forêt en bonne santé et à optimiser son rôle écologique

  • Optimiser la captation de carbone de la forêt

Couper du bois peut rendre la forêt plus écologique en optimisant son potentiel de séquestration de CO2, en favorisant, grâce à des éclaircies, la croissance d’arbres captant davantage . En effet, lorsque plusieurs troncs poussent d’une même souche (on parle alors de taillis) il est judicieux de n’en laisser pousser que certains et de couper les autres afin de permettre à ces troncs de pousser plus droit, plus vite, et plus gros. De la même façon, si trop d’arbres poussent sur une surface réduite, ils se font concurrence pour les ressources, notamment l’eau et le soleil, et poussent moins bien que si l’on en prélevait une partie. Couper du bois permet donc d’avoir des arbres de plus gros diamètres. Or, ces arbres plus gros et plus grands séquestrent bien plus de carbone qu’une multitude de plus petits arbres, et pourront stocker le carbone plus longtemps comme nous le verrons par la suite. 

  • Couper du bois permet de rendre la forêt plus résiliente

En outre, les peuplements régulièrement éclaircis résistent mieux aux aléas climatiques tels que le vent, la sécheresse, les maladies, ou encore aux insectes, du fait de la moindre concurrence des autres arbres. De la même façon, cela permet d’éviter l’accumulation de bois mort au sol, qui a tendance à favoriser la propagation des feux de forêt.

  • Il existe différentes méthodes de coupe pour répondre à différents objectifs

Les différentes méthodes de coupe de bois peuvent servir des enjeux différents. Ainsi, si la coupe rase est davantage destructrice pour les écosystèmes forestiers et la biodiversité et relâche dans l'atmosphère une grande partie du carbone stocké dans les sols, elle se justifie surtout par des raisons économiques. À l’inverse, des coupes plus douces et diffuses plus respectueuses de l’écosystème forestier permettront de préserver la biodiversité, tout en favorisant la croissance des arbres et donc la séquestration carbone de cette forêt. En général, lorsque l’objectif d’une coupe est écologique, c’est plutôt la seconde méthode qui est utilisée, néanmoins, une coupe rase peut se faire au bénéfice de la forêt lorsqu'un peuplement est affaibli pas une épidémie ou un aléa climatique.

  • La loi française empêche la déforestation

En France, l’argument de la déforestation ne peut être utilisé contre la coupe du bois en forêt. En effet, si ce phénomène est bien un problème dans certaines régions du monde telles que l’Amérique du Sud ou le Bassin du Congo, la France est dotée d’un code forestier strict et contraignant sur ce sujet qui rend impossible la déforestation. Les coupes rases, en particulier, sont parfois assimilées à tort à de la déforestation. En effet, après les coupes, la replantation est obligatoire sous peine de lourdes sanctions, précisément pour éviter toute déforestation. Quant aux coupes d’éclaircies, elles vont favoriser la croissances des arbres restants, et maintiennent un couvert forestier permanent, à l’inverse d’une hypothétique déforestation. Ainsi, depuis 200 ans, la surface forestière a doublé en France en dépit de l’exploitation de la majorité des forêts et des dizaines de millions de mètres cubes de bois qui y sont coupés chaque année.

Le bois est un matériau de construction écologique

  • Stocker le carbone hors de la forêt

Couper du bois peut être une action écologique du fait de l’utilisation que l’on fait de ce bois. En effet, lors de sa croissance, l’arbre séquestre du carbone, que le bois ne relâche pas lors de la coupe, mais lors de sa décomposition. Ainsi, couper du bois et l’utiliser pour la construction d’un bâtiment revient à stocker le carbone dans une poutre ou une charpente par exemple, et éviter que du bois mort se décompose en forêt. Puisqu’une construction est faite pour durer le plus longtemps possible, on parle alors de stockage longue durée du carbone.

  • La substitution matériau

Par ailleurs, la substitution du bois à d’autres matériaux de construction tels que le béton ou l’acier, matériaux dont la fabrication est extrêmement polluante et énergivore, permet de réduire fortement les émissions de GES lors du chantier. En outre, le bois est un matériau extrêmement isolant thermiquement (350 fois plus que l’acier et 1500 fois plus que l’aluminium selon l’Observatoire France bois forêt). Son utilisation pour la construction d’un bâtiment permet donc de faire par la suite d’importantes économies d'énergie et donc de polluer moins. Enfin, contrairement à ce que l’on pourrait croire, le bois résiste très bien aux incendies. En effet, il n’explose pas, se consume lentement, et transmet la chaleur 10 fois moins que le béton et 250 fois moins que l’acier. 

Le bois permet de mettre à disposition des ménages une énergie moins polluante que les énergies fossiles

  • Couper du bois pour le substituer à des énergies fossiles

Le bois est considéré comme une énergie renouvelable. En effet, il se renouvelle en 50 à 150 ans, contre plusieurs millions d’années pour le pétrole. C’est donc une énergie qui peut être considérée comme une énergie d’avenir pour remplacer les énergies fossiles. En effet, à en croire EDF, au rythme de consommation actuel, et en l’absence de découverte de nouvelles sources, le pétrole viendra à manquer dans 54 ans, le gaz dans 63 ans, l’uranium dans 100 ans, et le charbon dans 112 ans.

  • Énergie moins polluante

De plus, l’utilisation de bois pour le chauffage relâche nettement moins de CO2 dans l’atmosphère à la consommation que les autres énergies majoritairement utilisées. Ainsi, d’après l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) un chauffage au bois pollue 11 fois moins qu’un chauffage au fioul, 5 fois moins qu’un chauffage au gaz, et 4 fois moins qu’un chauffage électrique. En outre, le bois de chauffage utilisé en France provient majoritairement des forêts françaises, tandis que le pétrole ou le gaz vient de l’étranger. Couper du bois pour le chauffage c’est donc éviter les émissions de carbone liées au transport d’autres énergies. Attention, il ne faut pas pour autant croire que le chauffage au bois ne pollue pas, ni même qu’il n’existe pas d’autres alternatives encore moins polluantes, mais le bois reste une source d’énergie bien plus écologique que les énergies fossiles utilisées actuellement.

En réalité, c’est l’acceptabilité sociale des coupes qui est à la source du problème

Le rôle d’un forestier est de gérer la forêt de manière durable. Pour cela, il doit maintenir l’équilibre des trois fonctions spécifiques à la forêt : écologique, sociale, et économique. Si l’on tend vers l’une de ces fonctions au détriment des autres, la durabilité de la gestion est mise en péril. C’est donc cet équilibre que garde à l’esprit le forestier en permanence dans son travail.  À cet égard, lorsque la coupe répond à un certain cahier des charges, couper du bois ne contrevient pas, comme nous venons de le voir, à l’équilibre écologique de la forêt. Au contraire, une coupe raisonnée de bois peut aider à rendre la forêt plus écologique. Si les coupes sont critiquées, c’est donc plutôt parce qu’elles touchent directement au rôle social de la forêt, en engendrant des nuisances potentielles pour les voisins et en détériorant les paysages, en particulier lorsqu’il s’agit de coupes rases, et parce que la mise en place de monocultures, notamment, est souvent peu acceptée par le public.

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