Les parasites: un fléau pour les forêts françaises

Les parasites: un fléau pour les forêts françaises

Moustiques, poux, punaises, puces, tiques, sangsues... voilà autant de parasites bien connus des Hommes car ils sont directement concernés de près ou de loin par ceux-ci. Mais la liste des parasites présents sur le territoire Français et de leurs victimes est encore bien longue. 

Dans la nature, le parasitisme est un phénomène extrêmement répandu, et la forêt en ce qu’elle est un vivier de nombreux organismes n’échappe évidemment pas à cette menace aux formes très variées. Insectes, champignons et autres micro-organismes pullulent dans nos massifs se faisant vecteurs de différentes maladies qui peuvent aller jusqu’à entraîner la mort de leurs organismes hôtes.

Dernièrement, les parasites forestiers sont revenus au devant de la scène, et ce du fait du Scolyte: un coléoptère qui fait des ravages dans les forêts d’épicéas de la moitié Nord de la France. Si ce parasite est le plus médiatisé (et pour cause), il en existe malheureusement beaucoup d’autres. Dans cet article, nous nous attacherons donc à présenter un panorama des principaux parasites qui squattent et abîment nos forêts 

Les principaux parasites

  • Le scolyte

Comme évoqué précédemment, c’est un coléoptère qui s'attaque au bois des épicéas de l’Est de la France en passant par l’écorce. Creusant tout un réseau de galeries au sein de ces arbres pour y pondre leurs œufs, ils provoquent, à terme, la mort des conifères. On le retrouve principalement dans l’Est de la France où il a attaqué 20 000 ha de forêt en 2019. 

Un tronc d'arbre attaqué par des scolytes ©lesoir.be

Un tronc d'arbre attaqué par des scolytes ©lesoir.be

  • La chenille processionnaire du Chêne

On la retrouve presque partout en France. Se nourrissant des feuilles de chêne, elle provoque des défoliations (perte des feuilles) importantes qui impliquent des ralentissement de croissance et affaiblissements des arbres. Il n’y a qu’une seule génération de cette chenille par an : une fois transformée en papillon, la femelle pond jusqu’à 300 œufs puis meurt quelques jours après.

Une chenille processionnaire du Chêne ©leparisien.fr

Une chenille processionnaire du Chêne ©leparisien.fr

  • La chalarose du Frêne

C’est un champignon qui s'est propagé sur l'ensemble du territoire depuis 2010, ce dernier provoque des flétrissements, des chutes de feuilles prématurées et une nécrose de l’écorce. La chalarose est d'autant plus dangereuse que le champignon qui la provoque (chalara fraxinea) se transporte par le vent, ce qui facilite grandement sa propagation. Sa présence inquiète car nous n’avons aucun moyen de nous en défendre efficacement, néanmoins on trouve aujourd’hui quelques souches résistantes…

  • La cynips du Châtaigner

C‘est une petite guêpe originaire d’Asie, qui est apparue pour la première fois en France en 2010. En pondant dans les bourgeons des Châtaignier  provoque l’avortement des fruits et met en danger les jeunes pousses. Elle s’est rapidement imposée comme le principal ravageur des Châtaigniers (les seuls arbres qu’elle attaque), pouvant faire chuter leur production fruitière de 80%. 

Une cynips du Châtaigner ©inrae.fr

Une cynips du Châtaigner ©inrae.fr

  • La pyrale du buis 

C’est un papillon, que l’on retrouve  dans 70 départements en France. Ce dernier pond dans les buis et la chenille qui naît se nourrit de leurs feuilles, cela provoque une défoliation complète des arbustes sur de larges surfaces. Ces larves s’attaquent également à la ramification fine et aux tiges des buis. La pyrale du buis est d’autant plus redoutable que sa reproduction est très rapide : une femelle peut pondre jusqu’à 1200 œufs au cours de sa vie. 

Une pyrale du buis ©agriculture.gouv.fr

Une pyrale du buis ©agriculture.gouv.fr

  • Le chancre du châtaignier

C’est une maladie très grave également provoquée par un champignon: le Cryphonectrica parasitica.  Elle  amène à un dépérissement grave de l’arbre attaqué ainsi qu’un dessèchement de l'écorce et des branches. Le  champignon responsable, originaire d’Asie, a été introduit en France en 1956, et est présent dans toute l’Europe aujourd’hui. Toutes les châtaigneraies françaises sont actuellement infectées par le Cryphonectrica parasitica.

Pourquoi leur nombre a augmenté ces dernières années ?

Les parasites ont toujours été présents dans les forêts, mais la fréquence et l’intensité des crises qu’ils provoquent ont massivement augmenté au cours des dernières décennies. La raison principale expliquant ce phénomène est la mondialisation, qui implique l'introduction de parasites étrangers via le transport de produits végétaux. Ceux-ci sont vecteurs de la propagation  d’insectes, de champignons voire des deux en même temps. Le dendroctone, par exemple, est une espèce de scolytes originaire d’Europe orientale qui s’est propagée ainsi à travers tout le continent jusqu'à atteindre les épicéas bretons. On pourrait également citer le graphiose de l’orme, un champignon qui s’est répandu dans toute France grâce à des scolytes transportant ses spores.

L’autre raison majeure de cette augmentation récente est le changement climatique qui fragilise les arbres et limite leurs moyens de défense face aux parasites. L'augmentation  de la sécheresse par exemple est une aubaine pour la reproduction du scolyte. En effet, les épicéas utilisent leur sève pour se défendre contre ces derniers, et ont besoin d’un apport en eau suffisant pour en produire. Dès lors qu’ils en sont privés, il est bien plus simple pour ces coléoptères, de venir à bout de l’arbre !  

Quelles solutions pour endiguer leur propagation ?

Le contrôle des parasites étant un enjeu grandissant au sein de la gestion forestière; les sylviculteurs sont donc des acteurs clés dans la lutte contre cette problématique, ils devront redoubler de vigilance sur les forêts, observer, trouver les arbres malades, et prévenir les épidémies le plus rapidement possible. Eviter la monoculture, comme cela peut souvent être le cas avec le Douglas par exemple, en favorisant au contraire une diversité génétique pour les essences plantées, permet de limiter l'exposition d'un peuplement à un seul parasite et de rendre les forêts plus résilientes face à ces menaces. Il y a également besoin de solutions sylvicoles qui n’impliquent pas l’utilisation des produits phytosanitaires délétères à l’environnement comme par exemple la plantation d’espèces plutôt sobres en eau (chêne pédonculés, pubescents, pins sylvestres, arbousiers…) pour qui la sécheresse impactera moins les défense immunitaire de l’arbre. 

Les problèmes de parasites sont aussi étroitement liés au commerce extérieur. La France, faisant partie du marché unique européen, est sujette à beaucoup d’entrées et sorties de marchandises des pays voisins qui circulent librement. À l'échelle européenne donc, il est nécessaire de réglementer pour prévenir au mieux l’introduction de nouveaux parasites sur le territoire. C’est pourquoi un nouveau règlement  pour la protection contre les organismes nuisibles aux végétaux a été mis en place en 2019. Celui-ci prévoit notamment la mise en place d’un passeport phytosanitaire en fonction des produits et de leur pays d’origine, la mise en quarantaine de certains produits, et même leur interdiction. Il définit également les organismes les plus nuisibles à surveiller en priorité et vise enfin à mieux préparer les professionnels à la gestion de ces espèces. 

La gestion forestière s’envisage sur une échelle de temps qui dépasse celle de l’homme, il est donc primordial de donner aux forestiers d’aujourd’hui la liberté, les moyens, et les méthodes pour penser la forêt de demain, et de mettre en place des actions pour la rendre plus prospère et résiliente face à ce problème.

Made with