Quelles sont les principales essences forestières françaises ?

Quelles sont les principales essences forestières françaises ?

Élément majeur de notre territoire, que ce soit par sa taille ou les services (nombreux) qu'elle produit, la forêt en France s'avère être un réel atout pour notre pays. Forte de ses 17,1 millions d'hectares (31% du territoire métropolitain) et des importants chiffres qu'elle génère sur les plans écologique (130 millions de tonnes de CO2 stockées), économique (près de 450 000 emplois rattachés) et social (source de divertissement et de tourisme) cette dernière est un secteur stratégique, sur lequel avoir des connaissances précises peut s'avérer fort utile. Certes, nombreux sont ceux qui apprécient une balade en forêt, une cueillette de champignons ou un beau panorama, mais peu connaissent les principales essences d'arbres (espèce ou variété d'arbre poussant en forêt) rencontrées lors de ces moments… Pour cela, nous avons décidé aujourd'hui, de vous présenter de manière synthétique les 8 principales essences les plus présentes sur notre territoire, ainsi que leurs caractéristiques. 

Les essences françaises se décomposent en 2 grandes catégories: les feuillus, (qui représentent 63% de la surface) feuilles développées, étendues qui tombent en automne on parle alors de feuilles caduques, et les résineux (37% de la surface) avec des feuilles sous formes d'aiguilles qui se renouvellent au fur et à mesure, on parle de feuillage persistant. 

Répartition du volume de bois sur pied vivant par essence en 2022 : ©inventaire-forestier.ign.fr

Répartition du volume de bois sur pied vivant par essence en 2022 : ©inventaire-forestier.ign.fr

Les principales essences feuillues

  • Le Chêne
Photo d'une feuille de chêne sessile (gauche) et de de chêne pédonculé (droite) ©notrenature.be

Photo d'une feuille de chêne sessile (gauche) et de de chêne pédonculé (droite) ©notrenature.be

Les chênes pédonculé et rouvre (ou sessile), représentent à eux seuls 22,6% (11% chacun) de la surface forestière française métropolitaine, avec 3,8 millions d’hectares où on les retrouve en essence principale (la source de ces chiffres, l’inventaire national des forêts, sera la même pour les autres essence d’arbres avec à chaque fois, la surface ou l’essence est la principale comptabilisée). Bien que moins présents dans le sud, on les retrouve globalement dans toute la France, ces essences ont en effet besoin d’un climat plutôt chaud pour se développer. Ce sont aussi des essences dites de lumière, un apport important en éclairage du soleil est nécessaire pour leur développement. Toutes ces caractéristiques font de la France et de son climat tempéré un territoire idoine pour le développement de ces essences, d’où leur répartition homogène. Le chêne est par ailleurs une des plus chères du marché pour le bois d'œuvre (en moyenne 225€/m3 en 2021 selon France Bois forêt). 

Il est intéressant également de souligner que le chêne fournit non seulement un habitat d’exception pour beaucoup d’êtres vivants (insectes, champignons, oiseaux…), mais aussi un excellent bois de construction. On s’en sert beaucoup notamment pour fabriquer des fûts, voire, par le passé, des bateaux. 

Répartition des chênes pédonculés (gauche) et rouvre (droite) : ©inventaire-forestier.ign.fr

Répartition des chênes pédonculés (gauche) et rouvre (droite) : ©inventaire-forestier.ign.fr

  • Le hêtre

Le hêtre est présent sur environ 1,5 millions d’hectares dans la surface forestière française métropolitaine, ce qui en fait la deuxième essence la plus représentée en métropole. On le retrouve principalement autour des frontières françaises et dans le massif central, il est en revanche très peu présent sur les façades maritimes (atlantique sud et méditerranée). Ses conditions de développement sont semblables à celles du chêne mais il tolère aussi les sols calcaires ou acides et peut pousser à l’ombre. Sur le plan économique, il appartient plutôt à la fourchette basse puisque son prix moyen est, en 2021, 47€/m3.

Il faut savoir aussi que le Hêtre a d’importantes vertus gastronomiques. Certains de ses produits sont comestibles, les jeunes feuilles mais aussi les graines. Elles apportent des lipides en grande quantité et l’on peut même en faire de l’huile. Néanmoins, en gastronomie, le hêtre est surtout connu pour son bois qui est utilisé pour fumer des aliments comme le saumon à qui il apporte un délicieux parfum. 

  • Le Châtaignier

La dernière essence feuillue à évoquer est sans aucun doute le châtaignier, que l’on retrouve sur 0,7 millions d’hectares en métropole, on le retrouve dans presque toutes les zones géographiques de France, même s'il reste moins présent dans l’est. C’est un arbre qui apprécie les climats tempérés, et que l’on retrouve de manière générale beaucoup en Europe. Le châtaignier est une essence plutôt rentable puisqu’en 2022, son prix est de 85€/m3 selon European SA. 

Culinairement parlant, le châtaignier a aussi son mot à dire ! De par les usages de la langue française, on oublie que l’on en mange régulièrement : les marrons chauds, la crème de marrons, et tous les autres desserts qui contiennent cette dénomination, sont en fait faits à base de châtaignes. La châtaigne a par ailleurs une grande valeur nutritionnelle, et constituait, dans le passé, un des éléments de base de l’alimentation des paysans (notamment grâce à la farine que l’on en tire). 

Les essences résineuses (ou conifères)

  • Le pin maritime

Étant non seulement l'essence phare du Sud-Ouest, mais également le résineux dont la superficie est la plus importante, le pin maritime est présent sur 1,017 millions d'hectares. On le retrouve également un petit peu dans le nord-ouest, il apprécie les sols non calcaires pour se développer. Entre 2011 et 2019, malgré un prix de 46€/m3, c’est l’une des essences les plus exploitées (6,5 millions de m3 produits par an en moyenne). 

Aujourd’hui, c’est dans la forêt des Landes, que l’on retrouve le pin maritime. Son million d’hectares en quasi monoculture, font de cette forêt le plus grand massif forestier de France. Elle est d’autant plus surprenante que son origine est quasiment artificielle. À l’origine, les plantations de pins avaient pour but de pomper l’eau des marécages originellement présents sur ces terres, pour éviter le développement des moustiques et la propagation du paludisme. Sous Napoléon III, vu l’efficacité de la manœuvre, on continua les plantations et  ainsi, cette forêt d’autrefois 250 000 hectares a multiplié sa superficie par 4. 

  • Le sapin pectiné

Le sapin pectiné, est une des principales essences de résineux, et occupe 0,58 millions d’hectares de forêt.  Il est présent dans les gros massifs montagneux français (Massif Central, Alpes et Pyrénées) et est également très récolté (4,4 millions de m3 par an entre 2011 et 2019, c’est plus que le chêne pédonculé qui est à 3,9 sur la même période selon l’IGN). Ce sapin est beaucoup plus tolérant à l’ombre mais reste très sensible à la sécheresse. Il se vend en 2021 à un prix moyen de 49€/m3, ce qui en fait un bois qui ne se classe pas parmi les plus chers.

Bien que l’on ait tendance à préférer l'épicéa (plus de détails en dessous) au sapin pectiné pour la construction, ce bois est très adapté et résistant aux milieux humides ce qui en fait une essence idéale pour construire des fenêtres, voire même des saunas.

  • L’épicéa commun

L’épicéa commun a une présence plus concentrée que son concurrent, puisqu’on le retrouve principalement dans le Massif Central et dans les Alpes, il recouvre 0,55 millions d’hectares. Malgré le fait qu'il ne constitue pas l’essence la plus rentable économiquement (45€/m3), il est très exploité, (6,3 millions de m3 par an entre 2011 et 2019). Il a besoin d'un climat plutôt frais, d’un sol peu calcaire, pour se développer et est très sensible à la sécheresse ou aux parasites

Ce que peu de gens savent concernant l’épicéa, c’est que son bois est très apprécié dans la fabrique d'instruments de musique à corde, en ce qu’il constitue un excellent bois de résonance (un bois qui combine élasticité et résistance mécanique). Il permet ainsi aux cordes de résonner tout en empêchant le chevalet de se briser. Pianos, violoncelles, violons ou même cymbalum sont ainsi très souvent fabriqués en bois d’épicéa. 

Un épicéa commun ©rustica.fr

Un épicéa commun ©rustica.fr

  • Le douglas

Le douglas est un conifère qui se retrouve majoritairement dans le Massif Central et dans le Jura et qui recouvre 0,424 millions d'hectares dans la surface forestière française. Le douglas se vend  à un prix plutôt élevé, (89€/m3 en moyenne en 2021) mais offre un bois de grande qualité et surtout une productivité importante. Pour se développer, il lui faut un environnement assez lumineux et un sol peu calcaire, et peu humide.

La force du douglas - sa productivité - est à l’origine de grosses controverses actuellement. En effet, à cause de celle-ci, certaines régions de France, le Morvan par exemple, voient leur biodiversité disparaître au profit d’une monoculture de douglas, planté partout à la place des feuillus. Ces derniers sont ensuite prélevés en coupe rase ce qui génère d’importants problèmes en particulier pour le stockage du carbone et l’état des forêts.

Photo d'un Douglas en forêt ©jardinage.ooreka.fr

Photo d'un Douglas en forêt ©jardinage.ooreka.fr

Nous avons ainsi fait le tour des principales essences forestières que l’on retrouve en métropole, il est important toutefois de garder à l’esprit qu’il en existe beaucoup d’autres (charme, tilleuls, merisier, pin sylvestre, bouleau… pour un total de plus de 130) qui contribuent à former la diversité et la beauté de nos forêt. On pourra préciser aussi que nous avons fait le choix de nous concentrer sur la métropole pour cet article, mais dans certains DOM abritent un écosystème très différent. La Guyane française et ses 8 millions d’hectares de forêt auraient été intéressants à analyser mais ces essences trop éloignées de ce que nous avons l’habitude de voir en métropole n’auraient fait que complexifier cet article. 

Aujourd’hui la diversité de la forêt française est menacée non seulement par le réchauffement climatique, mais aussi par la monoculture. À travers un mode de gestion pro silva, Kloros promeut la durabilité de ses forêts et cherche à garder une certaine biodiversité au sein de ces dernières. 

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