Qu’est-ce que gérer une forêt?

Qu’est-ce que gérer une forêt?

Lorsqu’on évoque la gestion d’une forêt, les premières actions qui nous viennent à l’esprit sont la coupe et la plantation d’arbres. En réalité, une grande partie du processus de la gestion forestière consiste en l’observation de son environnement et la planification des travaux à effectuer ou non. Ces travaux prennent des formes diverses, la coupe et la plantation en font partie, mais il y a aussi l’élagage, qui permet de donner une forme et une qualité aux arbres afin de mieux les valoriser, ou l’entretien de la végétation pour maximiser les chances que les arbres sélectionnés puissent grandir au mieux et se démarquer de leurs concurrents.

Lors de la conférence de Rio de 1992, l’ONU a fixé les grands principes à suivre pour parvenir à développer une gestion forestière durable : “Les ressources et les terres forestières doivent être gérées d'une façon écologiquement viable afin de répondre aux besoins sociaux, économiques, écologiques, culturelles et spirituelles des générations actuelles et futures”. Ces besoins sont larges et incluent notamment : le bois et les produits à base de bois , l'eau, les produits alimentaires, les plantes médicinales, le combustible, les matériaux de construction, l'emploi, les loisirs, les habitats de la faune et de la flore, la diversité des paysages, ou les réservoirs et puits de carbone. Ces trois besoins, sociaux, économiques, et écologiques, sont les trois fonctions remplies par la forêt, et la gestion durable des forêts consiste à atteindre un équilibre entre ces trois fonctions sans que l’une ne prime sur les autres

Par exemple, effectuer une coupe rase est certes profitable économiquement, mais en modifiant l'habitat de la faune locale pourra être amené à rompre un certain équilibre écologique, mais également social si la coupe est mal accueillie par le voisinage. Cette définition met en lumière l’importance des processus d’observation et de planification, car parvenir à cet équilibre requiert une connaissance fine de son environnement et une prévision méthodique de ses actions.  

Pourquoi gérer une forêt ?

Avant de parler plus en détail de gestion forestière, on pourrait légitimement se demander si la meilleure solution ne serait pas, de ne pas gérer du tout les forêts, et de laisser la nature faire son œuvre, en les laissant à l’état de forêts primaires. Plusieurs raisons cependant peuvent justifier l’intervention de l’homme : d’abord, historiquement, la gestion des forêts était nécessaire pour assurer une réserve de bois suffisante à l’industrie et la construction navale. Les forêts étaient une ressource stratégique pour le commerce et l’armée, et c’est pour cela qu’en France le rôle de gendarme de l’État vis-à-vis des forêts était considéré comme nécessaire. Nos besoins en bois ne cessant d’augmenter, la gestion forestière reste tout aussi primordiale aujourd’hui.

Ensuite, la gestion des forêts permet d’optimiser leur croissance en contrôlant la densité des arbres et leur accès à la lumière, et d’anticiper les risques qui les menacent, tels que les risques d’incendies ou les problèmes d’adaptation de certaines essences au changement climatique (voir notre article expliquant en quoi les coupes peuvent avoir un impact positif sur les forêts). Tant que l’homme aura besoin d’exploiter les forêts, la gestion de celles-ci sera nécessaire pour assurer leur durabilité et leur résilience face aux actions de l’homme.

L’observation : une première étape capitale

Comme nous l’avons dit, avant d’envisager toute action de plantation ou de coupe dans une forêt, il est primordial de connaître la forêt en question. Pour cela, il faut connaître les essences d’arbres présentes, leur besoin en lumière, en eau et en chaleur, ainsi que les risques qui les menacent (maladies, ravageurs, sécheresse…). On constate par exemple que les sapins pectinés, une espèce exigeante en eau, sont de moins en moins bien adaptés aux conditions climatiques du Grand-Est, ce qui se traduit par un ralentissement de leur croissance, voire leur dépérissement.

Il convient également de connaître la faune locale : les ravageurs potentiels ou les espèces protégées. Les forêts du Nord-Est de la France, par exemple, sont de plus en plus frappées par les scolytes, des insectes qui creusent des tunnels dans le bois, provoquant le dépérissement de forêts entières. Cette épidémie exige une attention particulière des forestiers qui doivent repérer parmi les arbres dépérissant ceux qui ont été infectés par des scolytes afin de les couper et d’endiguer la propagation de ces insectes.

Enfin, il convient de connaître les caractéristiques de l’environnement dans lequel évolue la forêt comme la nature des sols (riches ou pauvres en minéraux, acides ou basiques…) ou la topographie. Par exemple, le peuplier pourra pousser dans un sol calcaire et humide au pied d’un versant, tandis qu’un chêne sessile s'accommodera d’un sol acide et sec situé sur un plateau.

Arbre attaqué par des scolytes, on peut voir les sillons creusés par les insectes dans le bois. Source : sciencesetavenir.fr

Arbre attaqué par des scolytes, on peut voir les sillons creusés par les insectes dans le bois. Source : sciencesetavenir.fr

La planification : la concrétisation des objectifs de gestion

Une fois que l’on a pris connaissance de toutes les caractéristiques de sa forêt, il faut planifier les travaux à effectuer. La planification passe par la création d’un Plan Simple de Gestion (PSG). Ce plan recense des informations comme le bilan de la gestion passée, les objectifs de gestion, ou le programme annuel des coupes et travaux qui seront effectués dans les prochaines années. Ce plan s’étend généralement sur une période de 10 à 20 ans.

Il est important de rappeler qu’une forêt vit bien plus longtemps qu’un être humain, par conséquent la gestion forestière comporte un enjeu d’héritage : un gestionnaire hérite d’une gestion passée et se doit de faire au mieux pour les générations futures. Le PSG aide justement le gestionnaire dans cette démarche en gardant une trace de la gestion passée et en concrétisant les objectifs à suivre dans le futur, pour que le gestionnaire ne les perde pas de vue.

Les travaux : le passage à l’acte

Avant de commencer les travaux, il faut encore respecter certaines contraintes, comme les saisons par exemple : les coupes et les plantations ne se font pas à n’importe quelle période de l’année, ni sans préparations préalables. Les plantations se font en hiver, et nécessitent un travail au préalable du sol qui accueillera les futurs plants. De même, les coupes se font généralement en hiver, mais avant cela, le gestionnaire doit commencer par sélectionner les arbres qu’il souhaite couper. Pour faciliter la croissance des meilleurs individus, il pourra réaliser une éclaircie, c’est-à-dire réduire la densité d’arbres sur une certaine surface en coupant les jeunes arbres ou les arbres moins prometteurs qui concurrencent les plus beaux arbres, et ainsi fournir un meilleur accès à l’eau et à la lumière aux meilleurs individus. Le gestionnaire pourra également couper les arbres arrivés à maturité afin de permettre à une nouvelle génération d’individus de s’épanouir, et accessoirement de dégager un revenu ; c’est ce qu’on appelle une coupe de régénération. Cette coupe va permettre d’apporter de la lumière aux jeunes semis et donc d’assurer le renouvellement de la forêt. Enfin, le gestionnaire peut également réaliser des coupes sanitaires si certains arbres sont malades afin d’éviter que toute la forêt ne soit infectée.

La gestion forestière étant souvent abordée sous l’angle des coupes et des plantations, on oublie qu’entre le début et la fin de vie d’un arbre, il peut s’écouler plus d’un siècle. La plupart des arbres actuellement en vie n’ont pas été plantés récemment et ne seront pas coupés avant de nombreuses années, et doivent donc être entretenus avec soin. La gestion forestière c’est donc avant tout un ensemble de petits travaux et de pratiques héritées et transmises, permettant d’offrir aux arbres les meilleures conditions de croissance possibles au cours de leur longue vie.

C’est pourquoi Kloros applique une sylviculture proche de la nature. A l’instar des pratiques Pro Silva, les interventions forestières sont douces et respectueuses des milieux forestiers. Des coupes de bois permettent un éclairement diffus des semences au sol et donc une régénération naturelle des forêts. Ce type de gestion est celle préconisée pour optimiser la croissance des arbres et la captation carbone, et assurer un meilleur stockage du carbone dans les sols. Cette approche, qui s’oppose en générale à une plantation artificielle et une coupe rase massive en fin de cycle des arbres, est respectueuse des écosystèmes, elle protège la biodiversité et l’aspect paysager des territoires, préserve les sols et l’eau et assure la diversité des espèces.

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